LA HAUTE VALLÉE DE L'AIGUEBRUN, DE SA SOURCE AUX SEGUINS, A BEAUCOUP
SOUFFERT DE LA NEIGE EXCEPTIONNELLE DE FÉVRIER 2001, ELLE INVITE
A UNE PROFONDE RÉHABILITATION, NE SERAIT-CE QUE PAR SOUCI DE SÉCURITÉ
PUISQU'ELLE EST PRATIQUEMENT INACCESSIBLE AUX POMPIERS.
APPAREMMENT SAUVAGE, CETTE VALLÉE ET SES AFFLUENTS CACHENT LES TRACES D'UN IMPORTANT SYSTÈME D'IRRIGATION DES PRÉS, RENDUES PEU VISIBLES PAR LA FRÉQUENTATION TOURISTIQUE ET LA DÉPRISE AGRICOLE.
AU NÊME TITRE QUE LES RESTANQUES, CEITE IRRIGATION MÉRITÉ
D'ÊTRE MISE EN LUMIÈRE, COMME ELEMENT DE LA CIVILISATION PAYSANNE
DU NORD-LUBERON.
PARTENARIATS
CETTE ENTREPRISE, PAR ESSENCE, APPELLE À LA MOBILISATION
DE TOUS LES ACTEURS. LE PARC NATUREL RÉGIONAL, COMME INITIATEUR
PRIVILÉGIÉ, L'ONF LE DÉPARTEMENT ET LA RÉGION,
LES COMMUNES RIVERAINES ET LES PROPRIÉTAIRES.
La haute vallée de l'Aiguebrun s'étend sur
5 km, entre ses sources (Combe de Bade Lune et secondairement Vallon de
Pétarelle) et l'auberge des Seguins. De largeur moyenne jusqu'aux
Prés Blancs (commune de Saignon), elle se resserre entre de hautes
falaises.
Sur la première moitié de cette partie
encaissée, elle abrite une succession de prés allongés,
exploités en fourrage jusqu'aux années 90.
Elle reçoit des vallons affluents aux eaux irrégulières
: "les Grands Prés" (que d'aucuns appellent Le Vallon Vert), qui
évacuent les eaux venant du Grand Luberon via le Roucas, sont une
longue succession de découverts (# 900 m. de long); puis le vallon
de Sivergues et celui de Chantebelle.
Dans sa partie la plus resserrée, la vallée est occupée par un boisement mixte compact, surtout côté Sivergues : chênes, noisetiers, noyers, qui étirent leurs cimes vers la lumière solaire. Sa richesse végétale est celle des parties similaires du massif, avec l'apport de l'eau de l'Aiguebrun, qui est partiellement permanente; quelques gisements de la fougère Grande Scolopendre ou Langue de Cerf (rare).
La neige de février 2001 l'a laissée en piteux état. Nombre d'arbres hauts sont tombés. Le lit de la rivière est obstrué par des masses de bois morts, charriés par les crues. Seuls ont été quelque peu dégagés les sentiers des rives gauche et droite.
Telle quelle, cette vallée est particulièrement
vulnérable aux incendies. Si la plupart des promeneurs restent vigilants,
on y trouve néanmoins des traces de cendres, témoins de l'imprudence.
La topographie rend presque impossible la lutte contre
le feu. Les véhicules d'intervention ne peuvent accéder nulle
part, et les falaises compromettent l'action des bombardiers d'eau.
Actions.
L'absence d'actions de prévention et de remise en état sérieuse jusqu'à ce jour est explicable par l'ampleur de la tâche mais aussi par la pluralité des intervenants potentiels : quatre municipalités (Auribeau, Saignon, Sivergues et Buoux), l'Office National des Forêts, le Département et les propriétaires riverains, le tout à des titres différents et à des degrés divers.A l'évidence, un action forte implique une structure fédérative, capable de donner corps à l'entreprise et de la coordonner.
L'Aiguebrun est la seule rivière traversant les Luberons de part en part. A ce titre elle a un caractère emblématique, qui ne lui est pas disputé. On peut penser que le Parc Naturel Régional disposerait de l'énergie et des compétences pour jouer ce rôle, bien dans le coeur de sa Charte.
La déprise agricole, générale sur
le flanc nord du Luberon, a encore plus vivement agi dans la haute vallée
de l'Aiguebrun, exigüe et difficile d'accès. Les prés,
encore fauchés il y a quelques décennies, subissent l'assaut
des prunelliers, avant-garde des noisetiers. Sans alarmisme excessif, on
doit penser qu'à l'échéance de quelques décennies
la plupart de ces prairies auront diparu.
Pourtant ce terroir offrait aux paysans des siècles
antérieurs une importante ressource de fourrage, en deux coupes.
Pour combattre la sécheresse, ces générations
avaient fait en sorte d'utiliser la totalité des eaux disponibles,
aux fins d'i igation.
Bassins de rétention - canalisation soigneuse
des eaux courantes - barrages sur l'Aiguebrun - rigoles d'arrosage pré
par pré : tel est le patrimoine légué par ri une longue
histoire rurale, celle qui permit, bon an mal an, de nourrir au fil des
siècles les quelque 150 habitants de la commune.
L'effort consenti sur des générations n'est
pas moins remarquable, en conception et en volume de travail, que celui
qui couvrit de restanques les terres hautes de Sivergues.
Ce système d'économie hydraulique est aujourd'hui
encore visible. Mais pour ce faire, un travail de redécouverte sur
le terrain est nécessaire, car seule la Baume de l'Eau bénéficie
de quelque notoriété.
ActionsProspection sur le terrain par les animateurs du projet.
Relevé topographique situant la totalité des installations identifiables.
Première approche des travaux de dégagement et de leur coût.
Aucune valorisation n'est pensable avant l'exécution
d'un minimum de débroussaillement du lit de l'Aiguebrun et de ses
proches abords.
Passé ce cap, la réflexion irait à
des contacts et des transactions avec les propriétaires riverains,
aux fins d'obtenir leur consentement (au minimum) et mieux leur soutien
aux actions subséquentes, à savoir :
Conclusion.
Comme bien d'autres sites, la haute vallée de L'Aiguebrun pourrait rester simple terrain de jeux pour les populations urbaines en visite, ou même se dégrader définitîvement au rythme des intempéries.
Mais l'engagement vers un développement durable suggère de la valoriser intelligemment. Sans rien lui ôter de son caractère agreste si prisé, on rendrait lisible son visage authentique, celui d'une nature qui fut de temps immémorial travaillée par les hommes.
Un lieu de patrimoine.